Le pouvoir d’achat du SMIG en baisse depuis sa mise en place

Publié le 15 février 2022 à 17:18

Le gouvernement guinéen a instauré en 2013 un salaire minimum interprofessionnel garanti. Mais l’absence d’augmentation légale et la hausse continue des prix à la consommation ont affecté négativement le pouvoir d’achat du SMIG selon une étude de Guinée Conseil et Formation.

La Guinée, à l’instar de nombreux pays africains, a instauré en avril 2013 un salaire minimum à payer à tout travailleur à plein temps durant un mois de travail. Celui-ci est de 440 000 GNF par mois. Cependant, le pouvoir d’achat du SMIG a régulièrement baissé à cause de l’absence de sa revalorisation et de l’accélération de l’inflation. Celle-ci est alimentée principalement selon cette étude par le financement monétaire du déficit budgétaire.

L’année 2021 enregistre la plus forte baisse du pouvoir d’achat du SMIG

La perte de pouvoir d’achat du SMIG s’élève en moyenne à 8,41% par an sur la période 2013-2021. L’année dernière a connu la plus forte baisse. Celle-ci atteint 11,14% fin décembre 2021 contre 9,57 % en 2020.

Le SMIG a perdu plus de la moitié de son pouvoir d’achat en neuf ans

La perte cumulée atteint 54,58% au 31 décembre 2021. Selon l’estimation réalisée par Guinée Conseil et Formation, le montant du SMIG compensant la perte du pouvoir d’achat s’élève à 968 665 GNF fin 2021 contre 863 243 GNF en 2020. Pour endiguer ce phénomène, une revalorisation annuelle moyenne de 58 741 GNF du montant du salaire minimum aurait été nécessaire entre mai 2013 et décembre 2021.

En prenant l’exemple du prix de kilo de la viande de bœuf à Conakry, le SMIG mensuel permettait en 2013 d’en acheter 14. Ce nombre est passé à 9 en 2017. Aujourd’hui, il atteint 7.

Le niveau général des prix a été multiplié par 2,2 du mois d’avril 2013 au 31 décembre 2021.

La régionalisation du SMIG, solution discriminatoire mais contributrice à l'équité salariale

Une rémunération minimale identique sur toute l’étendue du territoire guinéen répond à une logique d’égalité. Or, le coût de la vie est différent d'une région à l’autre. Le coût de la vie à Conakry est plus élevé. Il est plus difficile avec le SMIG actuel de se loger et de vivre convenablement à Conakry par rapport aux autres régions de la Guinée. De surcroît, l’inflation en Guinée est mesurée par l’évolution de l’indice des prix à la consommation portant sur l'agglomération de Conakry.

L’étude préconise la revalorisation du SMIG par son indexation sur l’inflation et sa différenciation pour favoriser l'équité salariale et la prévention des crises sociales.

 

Ousmane Bah